( note : Paroles en chinois )


En réalité, je ne me suis pas levé ce matin. J'ai simplement attendu que la porte claque deux fois : la première pour le départ de Jun et la seconde celui de Ji Kwon, avant de me rendormir. Je me laisse aller, c'est le cas de le dire. C'est pourquoi, le programme du jour de résumera essentiellement à de la sèche intensive. Je sors tout de même pour aller acheter sur le campus mon repas de midi.

Au retour avec mon petit sachet à la main, dans le couloir, j'aperçois une tête brune fermement baissé. Sans mal, je reconnais le style et l'allure de mon chinois favoris ; Yuan. Un bon ami, si ce n'est le meilleur de tous. Néanmoins, il ne semble porter aucune attention à ce qui l'entoure, mis à part l'intérêt qu'il porte à ses chaussures. Il est vrai qu'elles sont très jolie et lui vont à ravir, mais tout de même, de là à garder les yeux fixement sur chacun de ses pas; suspect. Silencieux, je ne fais comme si de rien n'était. Curieux de savoir s'il me remarquera ou non. La réponse est définitivement non. Sans aucun scrupule, il passe à côté de moi en coup de vent. Je me fige alors, net et l'attrape par le bras. Par dessus le marché, il ne pas m'a contacté depuis une bonne semaine.

- Eh ! Bonjour quand même !

Mon chinois, soigneusement prononcé et appris pour ses jolies yeux, résonne en une douce mélodie dans le couloir vide. D'un geste lent, il relève le visage. Non, ça ne semble pas aller. Je constate très bien que ses yeux sont rouges et boursouflés, traduisant sans doute une crise de pleure.

- Yuan ? Qu'est ce qui s'est passé ?

Je lui prend subitement la main, la serre de toute ma minuscule force en signe de soutien. Il ne parle pourtant pas. Ça ne doit pas être le lieu, je le sais très réservé. Je l'amène donc à la chambre où nous serons dans une parfaite intimité et, tranquille surtout.

Nous entrons dans la pièce vide -colocataires en cours. Ma main douce, le débarrasse de ses affaires, déposant les miennes aussi au passage. Finalement, je le prend avec force dans mes bras. Le connaissant depuis deux bonnes années, ça ne m'étonnerai pas d'apprendre que sa tristesse soit lié à son pseudo petit ami, Ji Hun.

Encore une fois ... Ji Hun, vas tu cesser de me décevoir un jour ? Je crois oui. Parce que pour moi, à partir de maintenant, tu n'es plus mon petit ami.

C'était la fois de trop, il avait dépassé les bornes. On en avait jamais parlé, je ne l'avais jamais pris sur le fait mais au fond j'avais toujours su que Ji Hun ne faisait pas qu'embrasser quand il me trompait. Je préférais me mettre des œillères, refusant de voir la vérité en face, elle était bien trop douloureuse mais cette fois je ne pouvais plus l'ignorer, elle m'avait percuté de plein fouet. K.O.
A la manière d'un fantôme, j'errais dans les couloirs de la fac, laissant mes pieds me porter, sans réfléchir. J'avais pleuré, durant des heures, j'étais vide, incapable de verser une larme de plus. Le visage bouffi, les yeux gonflés, le nez rouge, tous les regards se tournaient vers moi, on me demanda à plusieurs reprises si j'avais un problème, s'il m'était arrivé quelque chose mais ma réponse restait la même "Non". Je n'ai pas besoin d'être consolé, seul le temps pourra atténuer ma souffrance.
Sans vraiment m'en rendre compte je me dirigeais vers les chambres, à cette heure je ne risquait pas de croiser Ji Hun au moins, il était en cours. Je ne sais pas si mon pauvre coeur aurait supporter de le voir, de le disputer, pour le moment j'en avais pas la force. J'étais triste, la colère viendrait après.

Soudainement, je sens une main agripper mon bras et je reconnais la voix de mon ami, Yun. Il me parle en chinois, ça me fait du bien de l'entendre. Je le fixe alors en silence, lui lançant un regard de détresse, il le comprend et me demande ce qu'il s'est passé. Je reste muet, me laissant faire lorsqu'il me guide dans sa chambre et qu'il m'ôte mes affaires. Il me prend dans ses bras alors, subitement et me serre. Sans force, je reste là, les bras ballants me contentant de nicher mon visage dans son cou.

" C'est Ji Hun. Il m'a trompé ... Encore ... "

Un profond soupire s'échappe de mes lèvres, Yun doit en avoir marre de m'entendre me plaindre, la rengaine est toujours la même.

" Mais cette fois c'est fini ... J'en peux plus ... "

Cela ne m'étonne guère. Ji Hun fait partie des PlayboyZ depuis son arrivée à Yonsei. J'ai tenté, en vain, de lui cacher bien des horreurs à ce pauvre Yuan. Mais cette fois-ci semble être la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Son seuil de tolérance a été largement dépasser. Ainsi, le chinois, dans mes bras, semble inanimé, épuisé. Il se laisse simplement consolé par des membres bien inutile que sont les miens. Je ne sais que faire. J'ai pourtant l'habitude de ses plaintes, mais pas un degré de désespoir si élevé. Lui relevant doucement le visage, je le regarde, passe mes doigts frais sous ses yeux encore rouges.

- Yuan ... Tu peux rester ici si tu veux. Autant de temps que tu le souhaites ! Je demanderais à Ji Kwon de récupérer des affaires dans ta chambre ...

Une petite mine désolée décore mon visage. Il est hors de question que je ne le laisse entre les griffes de l'autre connard -et je pèse mes mots. Il risquerait de le faire céder à nouveau ... J'en ai des frissons tant ça me rend triste de le voir dans cet état. Calmement, je le tire sur le canapé et le fait s'asseoir.

- C'est finis, ok ? Il n'a jamais été à ta hauteur.

Froid. Je ne peux mesurer l'ampleur de mes mots lorsqu'il s'agit de Ji Hun. Et encore, je me modère devant mon ami. Je m'éclipse deux minutes dans la cuisine pour apporter du jus de fruit, son préféré et, le dépose délicatement sur la table basse face à lui. Je me redresse, esquisse un sourire. Puis, à nouveau à ses côtés, je passe amicalement un bras autour de ses épaules afin qu'il se repose sur moi. Son contact et fin et doux. Son parfum me chatouille gentiment les narines, délicieux. Câlin, contrairement à mes habitudes, je le console, embrasse sa joue avec tendresse, le couvre d'attention, en espérant secrètement que ma présence lui apporte une once de réconfort. Qu'il oublie le vide qu'à creuser son tortionnaire dans sa frêle poitrine. Ma tête contre la sienne, les yeux rivés sur l'écran allumé, nous ressemblons à deux enfants abandonnés.

A chaque fois que ça allait mal entre Ji Hun et moi, Yun était là, prêt è m'écouter, à m'épauler. C'est un ami un vrai, sur lequel je peux compter. J'aimerais lui rendre la pareille, mais lui, il a si peu besoin de moi. Il se plaint rarement, il n'est pas pleurnichard, lui. Je m'en veux de lui prendre de son temps et de l'embêter avec mes histoires de cœur, mais ses bras me font du bien, ils me réchauffent. Lentement, je lève la tête, le fixant, la bouche entrouverte. J'ai de grosses cernes sous les yeux, le visage rouge et gonflé, désolé de t'imposer cette vue Yun, je dois vraiment être moche à regarder, mais je ne me cache pas pour autant, me sentant à l'aise avec lui.
Yun est vraiment un ami, il me propose même de rester quelques temps chez lui histoire de rester loin de Ji Hun. Ça ne me semble pas être une mauvaise idée, je n'ai vraiment plus envie de le voir pour le moment, il a réussi à me dégouter. Entraîné par le coréen, je m'assois sur le canapé, essayant de me faire violence et de me reprendre, même si c'est plus que difficile. " C'est fini, ok ? Il n'a jamais été à ta hauteur. " J'hoche la tête pour lui faire plaisir. Il n'a jamais aimé mon petit ami, il trouve qu'il ne me mérite pas mais Yun ne peut pas nous voir dans l'intimité, lorsqu'on est que tous les deux, Ji Hun est vraiment ... parfait ... Non. Ressaisis toi Yuan.

" Merci Yun "

Je m'appuie alors sur cette épaule qu'il m'offre, me blottissant contre lui, respirant calmement son parfum, il sent bon. A l'aise, je reste ainsi un bon moment, regardant la télé sans vraiment la voir, mon esprit est trop focalisé sur la trahison que je viens de subir pour pouvoir m'intéresser à autre chose.

" Il m'a trompé cette fois ... Vraiment ... Enfin je veux dire, ce n'était pas juste un baiser ... "

Je me redresse, boit d'une traite le verre de jus d'orange et vient me serrer contre lui de nouveau. Son étreinte est agréable, réconfortante. " Tu es sûr que je peux rester ici ? Ça ne va pas déranger tes colocataires ? " Je relève les yeux vers lui, le regardant, reprenant des couleurs, visiblement, je vais mieux.

Un remerciement inutile. Ceci me fait doucement sourire, nous ne devrions pas être contraint à la formalité entre nous. Soit, je secoue bêtement la tête en réponse. Je le sens se blottir volontiers contre moi, il semble être à l'aise. Je l'écoute attentivement lorsque sa voix s'élève; un ton calme, doux, une sonorité chinoise berce mon oreille. Il me surprend alors. Non pas que ces paroles me paraissent insensées, au contraire. C'est son ignorance qui me choque. Son pseudo petit ami ne s'est jamais arrêter à de simples baisers, il ne s'est jamais mis de barrière pour ses beaux yeux. Rien ne peut le restreindre. Il ne l'aime pas. Là est la vérité. Mais je me tais. Peut-être suis-je un ami lâche de vouloir le préserver ainsi par le mensonge, de ne pas vouloir être spectateur d'une scène qui pourrait l'anéantir pour de bon. Je ne veux pas être porteur de mauvaise nouvelle, de briser tout ses espoirs. Alors, je le laisse découvrir par lui-même, ramassant les pots cassés au passage. Pourtant, je l'aime, un sentiment d'amitié que je chérie. Et moi seul sait que l'amitié n'a jamais réellement compter à mes yeux. Néanmoins, Yuan est la personne la plus attachante qui m'est offert de connaitre. Je l'aime même plus que Ji Kwon. Ou du moins, c'est différent.

- Oui tu peux rester. Je ne pense pas que ça ne dérange qui que se soit. De toute façon, tu dormiras avec moi, d'accord ?

Le verre de jus d'orange est vide. Je le regarde lorsque ses prunelles noires se posent sur moi, il a meilleure mine. Mes doigts effleures ses lèvres rouges tel un fruit bien mûre et sucré. Ils passent sur sa joue, descendent sous les traits de sa mâchoires. La crise s'estompe peu à peu, ne laissant certainement plus qu'une profonde cicatrice dans la poitrine de mon vis-à-vis. Je saisis alors subitement sa nuque, la serre fermement, le rapproche de mon visage déjà à une grande proximité. Mon front se colle amicalement au sien, mes yeux se lèvent vers lui et, dans une inspiration, mes traits s'étirent en un sourire, faisant apparaitre de jolies fossettes.

- Reste.

Moi qui ne voulait voir personne ... J'avais bien fait au final, de croiser le chemin de Yun. J'étais encore triste, mais j'allais beaucoup mieux, à présent de nouveaux sentiments prenaient le dessus : la colère, la détermination, ... Mon ami avait raison, c'était fini maintenant, je ne laisserais plus Ji Hun, me retenir, me prendre par les sentiments. Il a toujours eu cette emprise sur moi, nombre de fois je me suis promis que je ne pardonnerais pas sa prochaine infidélité, mais à chaque fois je me faisais avoir, je craquais. Aujourd'hui, je me sens capable de lui tenir tête, de ne pas céder et je n'hésiterais pas à demander de l'aide à Yun quitte à passer quelques jours chez lui.

" Oui tu peux rester. Je ne pense pas que ça ne dérange qui que se soit. De toute façon, tu dormiras avec moi, d'accord ? "

J'hoche la tête, rassuré, espérant que ce qu'il dit est vrai, je me vois mal affronter le chef des Yongs. Yun a beau dire que Ji Kwon est inoffensif, je préfère garder mes distances avec lui, comme dit le proverbe : il n'y a pas de fumée sans feu et je refuse de croire que derrière cette soi-disante fausse réputation, il n'y a pas ne serait-ce qu'une once de vérité. Mais normalement, avec Yun je n'ai pas à m'en faire, il me protègera ...
Lentement, ses doigts passent de mes lèvres à ma nuque puis brusquement, il me rapproche, collant son front au mien, me demandant, dans ma langue natale, de rester. Je ne peux pas le contrôler, je rougis violemment. Un instant j'ai eu l'impression qu'il allait m'embrasser et je n'ai pas vraiment l'habitude de gestes aussi ambigus, je suis écarlate. Mon cœur bat fort, encore sous le choc, je reste silencieux, les lèvres entrouvertes, je me surprend à fixer les siennes ... avec envie. Je n'ai embrassé que deux personnes dans ma vie, en tout, alors sentir son souffle se mêler au mien me procure un sentiment étrange, une sensation de chaleur dans les reins.

" Je peux, t'embrasser ? "

Ça me paraissait tellement naturel en cet instant, j'aurais même pu ne rien lui demander et le faire, simplement. Mais je ne tiens pas à le fâcher, on ne sait jamais.

Mes doigts se desserrent lentement de l'emprise que j'exerce dans sa nuque. Surpris. Brutalement, le visage de Yuan s'est mis à rougir, d'une teinte écarlate. Je ne voulais pas mal faire. J'avais juste eu ce geste en guise de soutien et puis, il était beau. Il l'est vraiment. Mes yeux le détaillent encore, s'attarde sur les traits fins et doux de son visage. Puis, cette phrase qui tombe. Légère. Chaleureuse. Ai-je bien compris ? Pourtant, la qualité de sa langue est largement à ma portée. Oui, j'ai correctement entendu. Je feins l'étonnement. Je ne le suis qu'à moitié, j'ai l'impression d'avoir moi même provoquer cette situation. Elle ne me déplait pas ... 

- Oui ...

Depuis cette fameuse soirée avec mes ainés, je porte un nouveau regard sur mes propres ressentis.  Cette proximité avec un garçon, ne gêne pas le moins du monde. Pire. Je me plains à la causer. Particulièrement celle-ci, avec Yuan. Dans un même mouvement, nous nous rapprochons, nos lèvres se rencontrent pour la première fois. Mes paupières tombent. Un frisson parcours mon échine tant c'est délicat et plaisant. Je me laisse entièrement guidé par mon ami. Il suscite en moi un peu plus d'envie. Mon coeur s'agite brutalement dans sa cage d'os, laissant passer une faible respiration, qui s'écrase contre ses lèvres. Hésitant, je glisse une main sur la sienne, simplement.

Cette liaison se romps d'elle-même. Naturelle. Et laisse un peu de répit à mon coeur aussi. J'ouvre les yeux progressivement et, je me heurte à son regard. Je ne le pensais pas ainsi. Je suis bien naïf. Ce baiser me semble le plus parfait du monde. Ma vision change à nouveau.

- Yuan ...

Son nom perce le silence ambiant. Mais je ne sais que dire. J'en ai encore envie. Mes prunelles sont rivés sur cet objet de désir. Et j'ai chaud. Ma peau, mon être tout entier réclame un peu plus de contact. Son visage lisse et net est des plus désirable. Pourquoi je m'en aperçoit subitement, tel une claque en pleine figure ? Dans une nouvelle lancée, je penche la tête et reproduit cet acte de luxure. Approfondissant, je goûte subtilement à l'arôme de l'orange. J'ai la sensation de découvrir le plaisir d'un premier baiser, alors que il ne l'est pas ... Incroyable.

Cela fait longtemps que l'idée d'un simple baiser ne m'a pas mis dans un tel état. Avec Ji Hun, ça devient banal, c'est agréable, là n'est pas la question mais, l'embrasser ne suffit plus à me faire rougir, à dresser tous les poils de mon corps, à accélérer les battements de mon coeur... Il n'y a que les premiers baisers qui ont ce pouvoir et dans mon cas, cela remonte à plusieurs années. Sentir Yun aussi proche suffit à me retourner le cerveau, je ne suis plus capable de penser. Est-ce qu'un baiser pourrait gâcher notre amitié ? Ai-je le droit de l'embrasser sans avoir encore rompu avec Ji Hun ? Aucune réponse logique ne me vient à l'esprit, seule l'obsession de ces lèvres me hante, elles ont l'air si ... délicieuses.

Le silence se brise, ma requête est acceptée alors sans attendre, mais toujours délicatement, j'avance mon visage réclamant mon dû. Pleinement consentant, les lèvres du Special se rapprochent au même moment, nous nous embrassons alors, un baiser doux, innoncent, léger. Je ne peux m'en empêcher je fais la comparaison ... C'est différent mais tout aussi agréable, la sensation est nouvelle pourtant ... Avec lui, il n'y a pas de relation dominant-dominé comme je peux l'avoir avec Ji Hun. Nous sommes sur un pied d'égalité, personne ne prend le dessus, c'est reposant. Le temps était suspendu, mais sa main me ramene à la réalité, reprenant conscience de la situation. Lentement je m'écarte, mes prunelles accrochées aux siennes, on échange un regard timide, pudique.

Contre toute attente, il est le premier à s'avancer une seconde fois, capturant mes lèvres. Les choses se précisent alors et ce deuxième baiser me semble déjà moins réservé. Il me surprend ... agréablement. Conforté dans mon idée, je redouble d'assurance alors, osant poser ma main sur sa cuisse. Je suis complètement novice dans ce rôle, j'ai l'habitude de me laisser guider et mon partenaire m'a déjà confié qu'il n'était pas du genre entreprenant non plus, cela risque d'être compliqué. Et puis, jusqu'où doit-on aller ? Y'a t-il une limite à ne pas dépasser ? Lentement, prêt à me raviser à la moindre résistance, ma langue se glisse entre ses lèvres, rencontrant sa jumelle. Le contact est doux, subtile mais je décide de ne pas en rester là, j'en veux davantage et si Yun ne me donne pas ce que je veux spontanément, tant pis, j'irais le chercher moi même. Un rapprochement, mon torse vient se coller au sien, mes doigts se posent sur sa taille puis remontent dans son dos. Son corps n'a rien à voir avec celui de Ji Hun mais bizarrement il me plait tout autant ...

Son contact est si tendre qu'il me fait littéralement fondre. Dans ma poitrine, l'organe s'agite sous forme de pulsations violentes et régulières. Mon corps tout entier s'enflamme, s'exalte et pour cause. Ce second baiser est plus osé, Yuan redouble d'assurance. Je le sens plus entreprenant. Sa langue rencontre la mienne dans une subtile danse. Sensuelle, tendre, brûlante. Ce rapprochement n'a rien d'innocent, au contraire, elle éveille en moi des désirs qui sont bien de mon âge. Et sa main qui grimpe dangereusement sur ma taille, puis filant dans mon dos n'arrangent en rien la situation. Elle me fait frémir jusqu'à l'orteil. Et j'apprécie davantage lorsque son torse se presse naturellement et délicatement contre le mien. Il est fait de la même façon. C'est d'autant plus désirable. A cet instant, mon cerveau de petit génie est incapable de fonctionner correctement. Je ne songe ni à Ji Hun ni aux éventuelles conséquences de nos actes. Une seul envie me hante : être rassasier de ses caresses, de ses baisers.

Spontanément, j'enlace son cou, l'étreignant fermement contre moi. Mon regard croise alors ses prunelles brillantes, tandis que nos lèvres ne se séparent pas pour un sous. Yuan ... C'est la première fois que je l'envisage de cette manière. Nous sommes proches et je souhaite l'être d'autant plus. J'ai envie d'une forte promiscuité, d'une intimité plus élevé, extrême. Un léger soupir m'échappe tant notre jeu est exquis. Puis, je mordille sa lèvre inférieur avec envie, tirant dessus. Je ne me connais absolument pas dans ce genre de situations, elles sont rares. J'agis donc uniquement sous le coup de mes pulsions, de mes envies. Mais avec Yuan, tout me parait simple, inné. Ainsi, je bascule au dessus de lui, m'allongeant délicatement entre ses cuisses. Cette position qui me parait la plus suggestive du monde en cet instant, anime doucement ce qui fait de moi un homme. C'est une bêtise. Mais la bêtise la plus délicieuse du monde. Et si moi, je peux lui offrir ce genre d'affection, je le ferais volontiers.

- Yuan ... Je t'aime plus que lui ...

Non pas amoureusement, mais il saisit très bien ce que je veux dire. Nous nous sommes toujours compris à la perfection. Une caresse sur sa joue, un regard échangé et mes lèvres dérapent sur sa mâchoire, l'embrassant affectueusement. Et je poursuis mon chemin dans son cou, le lape précieusement, comme s'il était le met le plus délicat au monde...

Yun ... C'est bien la première fois que je pense à lui de cette manière là. Quelque chose de fort nous lie, je l'ai toujours considéré comme mon meilleur ami, mais à cet instant, je remets notre relation en question. Est-ce seulement de l'amitié ? Je me sens bien avec lui, je lui fais confiance, il me fait rire et voilà que maintenant j'ai envie de l'embrasser et même d'aller plus loin ... N'est-ce pas la définition même de l'amour ? Ça y ressemble même s'il ne fait pas battre mon cœur comme le fait Ji Hun ... Les choses sont différentes, diamétralement opposées à ce que j'ai pu vivre avec mon petit ami. Yun est délicat, innocent, vierge. Le moindre de mes gestes, le fait frissonner, je sens ses poils se dresser sous mes doigts. J'ai le dessus, pour la première fois de ma vie et ce n'est pas pour me déplaire. Je suis un homme après tout, c'est inscrit dans mes gênes, je suis fait pour dominer.

Je prenais les devants donc et il ne semblait pas me repousser, il m'encourageait même
Mais soudainement les rôles s'inversent, il se retrouve au dessus, entre mes jambes, dominant. Après tout, cela me semble logique. Il a toujours aimé les femmes, il n'est peut être pas prêt à jouer leur rôle. Je m'en accommode bien vite car au fond, dessus, dessous, le résultat est le même, même si pour une fois je pensais pouvoir essayer quelque chose de nouveau. Mais je ne veux pas l'arrêter en si bon chemin, il prend de l'assurance, enfin, et commence à m'embrasser dans le cou, mon point faible. " Yuan ... Je t'aime plus que lui ... " Ma gorge vibre contre ses lèvres, alors qu'un gémissement m'échappe. J'aurais voulu lui répondre quelque chose, mais présentement, seul un soupire brise le silence.

Lentement mes doigts glissent dans son dos, appuient sur ses reins pour que nos bassins se rapprochent. Je le sens alors et en réponse à son excitation évidente, je rougis, un peu intimidé mais flatté. La suite me parait toute naturelle et je ne tiens pas à ce que ce soit dans le salon, là où on pourrait nous découvrir.

" Tu veux pas ... qu'on aille dans ta chambre ... ? "

Docilement, je viens mordiller sa lèvre. Le sous entendu est clair, mais Yun va t-il accepter mon invitation ?

Yuan accepte volontiers mes baisers, mes caresses novices. Son gémissement retentit, m'atteint et résonne en moi comme une douce source de chaleur. Je la sens désormais dans le creux des reins. Là où ses doigts délicats se pressent afin de rapprocher, coller même nos bassins. Il n'y a plus aucun doute, inutile de mentir ou de justifier mon état. Il sait désormais l'effet qu'il me fait. Mes joues se colorent alors légèrement, rougis. Je redresse naturellement le visage, lorsque ses paroles s'élèvent. La chambre, évidement. J'allais justement lui proposer. Mais sortant de sa bouche, l'effet en est tout autre. Mon coeur frappe ma poitrine à vive allure, provoque une volée de papillons dans mon ventre et je me mords frénétiquement la lèvre inférieur. J'hoche la tête. Je me lève donc soigneusement, saisit sa main qui se fond simplement dans la mienne et nous nous dirigeons dans ma chambre, mon espace personnel. Je ressens alors la difficulté du déplacement dû au pantalon un peu trop gonflé.

Dans ce même élan, je l'allonge sur le matelas frais, les draps sont mal tirés mais qu'importe. Yuan a toute mon attention. Je l'enfourche, décidé, me penche sur ses lèvres afin d'en tirer encore un baiser. Le goût est toujours le même. Non, que dis-je ? Il se bonifie. Mes doigts s'appliquent sur sa chemise, défont chaque bouton. Bientôt, son torse et sa peau m'est révélé. La vue m'éclate en pleine figure tant est elle superbe. Je ne peux restreindre cette folle envie d'y plaquer ma bouche. Gourmande de lui, subitement. Nous sommes en bonne voix mais, un instant, je cesse brutalement mon action. Nous avons besoin d'une chose essentielle et je doute que Yuan ne l'ait apporté.

- Je reviens ...

Ces mots se logent au creux de son oreille avant que je ne m'éclipse. Je me dirige alors précipitamment dans la chambre de Ji Kwon. Je fouille les tiroirs et sans suprise, je trouve mon morceau de latex emballé. Parfait. Capturé fermement dans la main, je rejoins à nouveau le chinois. Mon chinois. Je ferme la porte derrière mon passage, lance l'objet sur le lit, non loin de lui. Le t-shirt quitte mon corps d'un petit effort, décoiffant mes cheveux à son passage. Je l'abandonne au sol, avance lentement, dangereusement, plaque mes mains sur le matelas et lui dérobe l'ultime baiser. Il m'arrache un soupir, qui fuit contre ses lèvres. Je ne suis, définitivement, plus un enfant.

C'était osé de lui demander aussi clairement de passer à l'étape supérieure, aussitôt les mots étaient sortis de ma bouche, aussitôt je les regrettais. Jusque là, les choses s'étaient faites naturellement, on ne s'était pas posé de questions. Mais maintenant, le rythme était rompu. L'espace d'un instant on revient à la réalité, on prend conscience de la situation. On rentre dans le côté pratique des choses et à partir de ce moment là, tout devient réfléchis et consentis, on n'a plus d'excuses.
Mon cœur bat la chamade, je redoute sa réaction, je reste pétrifié un moment avant qu'un signe de la tête me délivre de cette angoisse qui commençait à grandir. Me voilà soulagé, nous connaissons dès à présent l'issue de cette histoire, sans ambiguïté, ni surprise. Pour une première fois, c'est mieux ainsi, ça rassure, autant lui que moi.
Entraîné, je me lève, atteignant la nouvelle pièce et m'allongeant sur le lit lorsque Yun m'y invite. A cheval sur mon bassin, je m'étonne de le voir prendre les devants mais le laisse faire volontiers, il est doué après tout, je ne m'en plains pas. Ses lèvres sur les miennes me font frémir, mes yeux se ferment d'eux mêmes, laissant les autres sens se décupler et surtout un en particulier, le toucher. Ma chemise s'ouvre, sa bouche y descend, la suite me parait toute trouvée mais soudainement il s'arrête, quittant la chambre.
Je profite de ce cours laps de temps pour me redresser et retirer ma chemise, à présent torse nu. Lorsqu'il revient, Yun m'imite, retirant son T-shirt, ses cheveux décoiffés me font sourire, il est si mignon ... Il reprend sa position initiale alors, m'offrant un magnifique baiser. Cela fait longtemps que Ji Hun ne m'a plus embrassé comme ça, ce contact me fait frissonner, j'en veux plus ... Habillement, mon corps se redresse, je penche Yun sur le côté et d'un coup de reins, je passe au dessus. Nos bassins sont collés l'un contre l'autre, il doit sentir sans grand mal l'état dans lequel il me met. Cette idée me fait rougir, malgré tout, je reste timide, nos corps ne se connaissent pas encore, il va falloir un temps d'adaptation avant que je sois tout à fait à l'aise. " Yun ... " Son nom soupiré, je descend lentement dans son cou, embrassant sa peau avec envie, la frôlant de mes lèvres la couvrant d'attention. Le Special me donne envie de prendre mon temps, de ne pas brusquer les choses. Je n'ai pas envie de lui gâcher sa première fois, c'est si précieux ...
Avec un douceur extrême, ma main finit par descendre, inévitablement, cherchant à ouvrir son pantalon, à mettre à nu son corps. D'un même mouvement, je défais l'attache et baisse le vêtement jusqu'aux chevilles pour le lui retirer complètement ensuite. C'est idiot, je suis le plus expérimenté des deux et pourtant c'est moi qui semble le plus gêné par cette proximité ...

Il est d'une mignonnerie, c'est incroyable. Son simple sourire réussit à m'hypnotiser. Je m'avance alors vers lui, entre ses cuisses. L'embrasser jusqu'à plus souffle, c'est ce que je souhaite au fond. Mais doucement, je me laisse renverser sur le côté, il me surplombe, prend le dessus. Ce n'est pas désagréable non plus. De cet angle, il n'en est pas moins beau, au contraire. Néanmoins, cette sensation dur à l'endroit stratégique m'arrachent un soupir. C'est excitant à en mourir. Je n'en peux plus. Mes paupières faiblissent, je lutte tout de même encore afin de l'observer, remarquant ses joues s'empourprées. Dans ma poitrine, la cadence effrénée ne perd pas le rythme, elle fait l'inverse, elle accélère plus. Naturellement, je laisse mon cou s'offrir à ses lèvres, à ses caresses délicates. Il me fait frissonné, j'aime tant cette endroit. La sensation en est délicieuse. J'ai encore envie d'entendre mon nom résonné entre ses lèvres. Il n'a jamais été aussi joli, prononcé de cette façon. Yuan continue pour mon plus grand plaisir. Je sens mon pantalon quitté mes jambes et venir s'écraser au sol. Un gémissement, le premier. Nous n'avons pas encore commencer que j'émets une plainte. Pour cause, une trop forte dose d'excitation me tend douloureusement.

Mes doigts cherchent à s'accrocher, ils trouvent leur bonheur dans ses mèches de cheveux et dans sa nuque. Difficilement, je redresse le visage, capture à peine ses lèvres avant de retomber, allongé. La sensation de chaleur dans le creux de mes reins n'a pas disparu, au contraire, elle s'intensifie et me fait me tordre doucement. Ma peau toute entière devient extra-sensible. Il m'effleure, je soupire. C'est simple. Ainsi, pour l'encourager, je glisse mes mains sur ses fesses, les découvre pour la première fois. La sensation est agréable, velouteuse. Mais sans son pantalon, je parie que ce sera plus bon que bon. Maladroitement, je fais sauter le bouton de son jean, le baisse au possible -c'est-à-dire sous son fessier, puis rechignant car je ne peux faire plus. C'est gênant. Mon regard capture le sien, le supplie de retirer cette masse qui m'insuporte désormais. Je souhaite entrer doucement, subtilement dans une intimité extrême et voulu. Yuan m'offre une toute nouvelle façon de consommer le bonheur. A cet instant, il n'a alors plus rien d'un ami à mes yeux, mais bel et bien un être des plus désirable.

Mon pantalon me quitte entièrement, cette presque nudité me gêne un peu, mon excitation étant bien visible à travers le fin tissu de mon sous vêtement. Pudiquement j'attrape les draps, les remontant sur nous, cachant nos parties les plus intimes. Me voilà plus à l'aise désormais même si nos bassins n'ont jamais été si proches l'un de l'autre ... Mais ils peuvent l'être encore plus ... Je retire mon dernier vêtement, le jetant par terre et très vite il est rejoint par celui de mon ami. Nos regards se croisent, mon cœur bat la chamade, menaçant de s'arrêter. Mon être tout entier n'attend plus qu'une chose, le posséder ...

(...)


Ça avait été bref mais intense. Nos corps, gourmands de ces nouvelles sensations, n'avaient pas attendu longtemps avant d'atteindre l'extase. J'étais encore tout chamboulé d'avoir été, pour la première fois de ma vie, celui qui tenait les rennes. Mais je ne m'en étais pas trop mal sorti je pense, j'avais emmené mon partenaire jusqu'à la jouissance, quant à moi, disons que j'avais bien rempli le petit bout de latex que je tenais à présent dans mon autre main. Instant câlin, la pression et le stress retombe, lentement, je prends conscience de ce qu'il vient de nous arriver.

Ma main dans la sienne, sur le ventre, à ses côtés, je le regarde, les joues rougies par l'excitation et l'effort. Décidément aujourd'hui aura été une journée riche en émotion ... Mon cœur en est saturé, trop de changements d'un seul coup. Mais déjà les premières questions me viennent à l'esprit. Et maintenant qu'est ce qu'on fait ? Faire comme si de rien n'était, n'était pas respectueux du tout, mais lui demander maintenant d'être mon petit ami était tout aussi malvenu. Je n'ose même pas ouvrir la bouche à vrai dire, restant désespérément silencieux, attendant que Yun prennent l'initiative de parler en premier.

Nus. Nous l'étions tous les deux, proche, l'un sur l'autre. Ma main se perdit dans ses cheveux et l'engrenage s'était ainsi lancé. Le début fut difficile, mais rapidement l'excitation et la sensation d'intrusion me prit aux tripes. Ma première sensation du plaisir. Le vrai. Elle fut si intense, m'enveloppa tout entier. Je ne maitrisais ni mes gémissements si mes mouvements de bassin. Les coups réguliers de Yuan m'extasiaient toujours un peu plus, jusqu'à la délivrance.
Ce fut parfait. Non pas tel que les films le décrivent, doté d'une petite musique romantique en fond et une flopée de mots d'amour. Non. Parfait d'un point de vue réaliste.

La tension est retombée. Sur le ventre, je laisse mes doigts entrelacés avec ceux de mon ami. Il me regarde avec son petit air craquant. Je souris en réponse, dans le même état que lui, c'est-à-dire le visage rouge causé par l'excitation précédente. Cependant, mes paupières sont affreusement lourdes et je n'ai pas la force de les retenir plus longtemps. Un soupire perce la barrière de mes lèvres. Le silence ambiant m'étouffe et, je sais que ce n'est pas lui qui ira le briser. Mes yeux s'ouvrent à nouveau, le fixant sérieusement. Je ne regrette absolument pas ce qu'il vient de se passer.

- J'ai trouvé ça ... bien ...

Ma main se lève, caresse tendrement sa joue.

- Yuan ... On est pas obligé de réfléchir tout de suite ... On peut continuer ... comme ça ...

Le son de ma voix traine, lente, langoureuse. Cette proposition est peut-être indécente, c'est osé de ma part mais je n'ai aucune arrière pensée. Malheureusement, Ji Hun n'a pas disparu entre temps et je ne veux pas brusquer mon ami. Je me rapproche, capture tendrement sa bouche dans un doux et bref baiser. Je me sens fatigué, l'effet de l'endorphine me gagne rapidement. Je me blottit ainsi contre lui, luttant contre l'invitation de Morphée. Le son de battement dans sa poitrine me berce doucement. Je n'ai jamais été aussi bien qu'en cet instant.