Aujourd'hui est la journée la plus estivale. L'été. Cette saison qui nous fait tous sué. L'équipe de baseball empathie beaucoup. Courir sous cette chaleur de plomb est un véritable supplice. Mes membres sont lourds, engourdis et peine à répondre aux messages nerveux. Je suis épuisé et, pourtant, mes jambes me portent encore vers la victoire. Il n'existe pas un jour sans lequel mon coup final n'amène pas au homerun. La mascotte est là, les pompomgirls nous encouragent à coup de voix aigu. Dernier sprint. Le vent est contre moi. Dents serrés, je cours le plus vite que je le peux, frappant brutalement les marquages au sol. Mes oreilles bourdonnent, le sang claque sous mes tempes, les gouttes de sueur dévalent mes joues, la respiration se fait difficile. J'atteins enfin la dernière base. Maladroit, je trébuche, mangeant littéralement la poussière. Cependant, je n'oublie pas de tendre mon bras tout entier, jusqu'aux doigts afin de toucher la plaque. Victoire. Un gros match. J'entends les hurlements, la fierté des supporters derrière moi.

Recouvert de poussières, uniformes sales, visage un peu abimé, je rentre sans détour au dortoir. J'ai peu dormi la veille, j'ai été contraint de finir un devoir. La fatigue m'accable et je n'ai pas le cœur à la fête dans ses conditions. Je traine alors des pieds et ce, jusque dans les couloirs. Mes colocataires doivent très certainement m'entendre, étant donné que je fais un bruit monstre. Sans même prévenir de mon arrivé, je déboule dans la pièce principale, un meuglement en signe de salutation. Kanon ne semble pas ici. J'appelle doucement mon chinois adoré ; aucune réponse. Guidé par la soif, je m'aventure dans la cuisine. Il est ici le coquin. Ma main ouvre sans attendre le frigo et dans mon élan, me saisit de la bouteille d'eau. Je bois à même cette bouteille, à gros goulot, charmant. Un long soupire m'échappe. Je m'étonne alors que Yuan n'ait pas encore dit un mot. Mes sourcils se froncent, la surprise me gagne. Je me rapproche donc de lui, enlace chaleureusement sa taille pour le maintenir tout contre moi. Mon visage se niche dans son cou. Toutefois, ce contact ne doit lui être très agréable. Ou alors rafraichissant si lui aussi souffre de grosse chaleur. Et pour cause, je suis trempé. Autant par l'effort, que par la faute de mes compatriotes qui m'ont aspergé après la rencontre du jour.

- On a gagné ! je lui annonce, heureux. Tu cuisines pour moi ?

Mes mains se glissent alors sous son t-shirt. L'envie de câlin, d'affection me prend subitement. Ce qui concocte me parait aussi délicieux que lui-même, que sa peau sous mes doigts. J'embrasse alors sa nuque, doux, avec envie, lent, comme il l'apprécie habituellement. Mais toujours aucune parole de sa part. Je le saisit violemment par la poignet pour le faire pivoter, le plaquant contre le plan de travail. Ma patiente a des limites. Il peut le lire très clairement sur mon visage. Un petit agacement au coin des lèvres.

- Bonjour ?

Encore une fois ... Ce n'est pas nouveau. Mon "petit ami" Ji Hun est un Dom Juan et ce n'est ni la première, ni la dernière fois que je verrais ce genre de scènes. Mais bon sang ... Fatalement, ça me détruit. Pourquoi va t-il ailleurs au juste ? Est-ce qu'il s'ennuie avec moi ? A t-il quelque chose à prouver ? Ca fait des années que ça dure et des années que je supporte son comportement. A chaque fois je me dis "cette fois c'est la dernière, tu ne te feras plus avoir", je lui pose un ultimatum, il me choisit toujours, me caresse dans le sens du poil en me promettant de ne jamais recommencer, mais inévitablement, tout recommence. Je dois me faire une raison je crois, mon petit ami est un séducteur et ce n'est ni moi, ni mes ultimatums qui y changeront quelque chose. J'ai l'impression de ne pas être aimé, je l'aurais quitté depuis longtemps si ça ne tenait qu'à moi, je pourrais tourner la page si seulement ... Il ne me retenait pas. A chaque fois c'est la même chose, les cycles se suivent, inlassablement. Au fond à quoi bon être jaloux ? Je devrais simplement accepter, je ne vois pas d'autre issue.
Mais pour le moment, je suis encore "sous le choc". Cette image dégoutante, je n'arrive pas à m'en débarasser. Je suis quelqu'un de calme et patient, n'importe qui me connaissant un tant soit peu pourrait le confirmer, alors quand je suis énervé, c'est que la raison est bonne. Et la raison la voilà, entrant la bouche en coeur, comme si de rien n'était, fouillant dans le fridaire, buvant comme un homme des cavernes. Même à deux bons mètres, j'arrive à sentir son odeur de transpiration, crade. Mais ça ne semble pas le déranger et visiblement il ne conçoit pas non plus que ça puisse agresser mes narines vu qu'il vient se coller à moi, enlaçant ma taille.

" On a gagné ! " Et alors ? Je me retiens de répliquer quelque chose de méchant, après tout le silence est le meilleur des mépris. " Tu cuisines pour moi ? " A l'intérieur je bouillonne, rêvant secrètement de le frapper avec l'une des casseroles qui est sur le feu. Regardez le, faire comme si de rien n'était. Tu vas pas me prendre pour un con longtemps Ji Hun !

Fermant les yeux, je prends sur moi, continuant de remuer le contenu de ma poële, surveillant la cuisson avec attention. Je sens alors une main glisser sous le tissu, caressant ma peau en toute impunité, alors que des lèvres viennent se poser dans ma nuque. Pas de réponse, je reste stoïque, immobile et silencieux. Soudain, il réagit, me retournant violemment, me plaquant contre le plan de travail avec fermeté. Maintenant face à lui, je le fixe, droit dans les yeux, sourcils froncés, je ne suis pas du genre à baisser le regard, il le sait.

Espèce de connard ! J't'ai vu embrasser une autre fille ! Tu me prends pour un débile ou quoi ?! J'te déteste, me touche pas, tu me dégoutes !

Je sais, quand je m'énerve j'ai tendance à avoir un accent chinois assez prononcé et généralement ça m'ote toute crédibilité, bien que je fasse tout pour avoir l'air vraiment en colère. Le repoussant avec la force qui est la mienne, c'est à dire pas vraiment loin, je me mets de nouveau dos à lui, déterminé à m'occuper du repas plutôt que de lui.

Surpris. Je me doutais bien que son silence traduisait un mal aise, mais absolument pas une telle accusation. Toutefois, juste. Je fronce légèrement les sourcils, feignant l'indignation. Ce n'est pas la première fois qu'il me fait ce genre de crise. Pourtant, chacune d'elles étaient toujours correctement justifiées. Lui ne comprends pas qu'à mes yeux, il n'est pas qualifié de petit ami. Seulement, lui dire serait amener à la rupture. Je ne peux m'y résoudre. Ce petit quotidien avec lui, dans lequel je me suis installé et bien trop confortable. Au fond de moi, je ne peux le laisser s'éloigner. C'est un acte égoïste, je l'admet. Lâche aussi. Il pourrait très bien recommencer une nouvelle romance, bien plus poétique que la notre, mais non. Je m'y refuse. Je l'enchaine impunément, voilà tout. Je ne grandirais donc jamais... Je suis le connard qui a embrassé cette fille.

Mes caresses ne semblent pas être les bienvenue pour le moment, j'essuie un refus, mes pieds reculent d'un pas. Je le dégoûte. En me regardant, ce n'est pas bien difficile. Je ressemble à un ouvrier revenant d'une journée de douze heures à la mine de charbon du coin. Soit, pas très élégant. Je ne le prends pas au sérieux. Jamais, en fait. Le but n'étant pas de me moquer de lui, j'essaie simplement d'éviter la dispute, la confrontation. C'est pénible, fatiguant et moi, j'ai besoin de repos sur le champ. Par dessus le marché, son petit accent chinois reprend le dessus, ceci ayant le pouvoir de me faire tout bonnement craqué. Je souris. Lentement, je retire mon maillot, le décollant de ma peau saillante. Dans un soupire d'aise, je libère mes muscles encore tendus et engourdis. Dans son dos, j'éteins la gazinière afin de le sortir de son occupation. Saisissant son épaule, je lui fais signe de se tourner vers moi. Plus qu'un signe finalement, je le porte en princesse. Lorsqu'il se trouve dans cet état de colère, il n'y a que la force qui fonctionne. Je l'amène alors dans la salle de bain, où je compte bien prendre ma douche en sa compagnie.

- Arrête ... Laisse moi t'expliquer.

Je le repose alors en douceur, le maintiens fermement contre la porte qui claque sous cette pression. Lentement, mes doigts glissent sur son t-shirt que j'ôte sans mal. Ces derniers finissent leur course sur son pantalon que j'entreprends de défaire. Mon regard accroche brutalement le sien. Je ne lui laisse aucun moyen de fuir. Mon visage se rapproche dangereusement du sien, où je lâche enfin :

- Pardonne moi Yuan ...

Je m'applique particulièrement sur la prononciation de son prénom, adoptant au mieux une sonorité chinoise. Une marque d'attention.

Dos à lui, je remue avec fermeté ma sauce, me défoulant, lui faisant payer le coup traitre que venait de me faire Ji Hun. Qu'est ce qu'il a dans le crâne ce garçon ? Tient-il si peu à moi ? Je peste seul dans mon coin, l'insultant en chinois, les sourcils froncés, visiblement fâché. Il a intérêt à se faire oublier celui là, ça risque de mal finir autrement. Mais voilà, lui n'est pas de cet avis, il éteint la gazinière et me porte sur le côté sans prévenir. Surpris, mais présent deux fois plus énervé, je remue, me débats, cette fois ça ne fonctionnera pas Ji Hun ! Instinctivement mes bras s'accrochent à se nuque, je n'ai pas envie de tomber, mais mes jambes elles gigotent dans tous les sens. " JI HUN ! Lâche moi !! " Je suis excédé, je déteste quand il fait ça, quand il utilise la force pour prendre le dessus. Alors, je le vois prendre la direction de la salle de bain et là il me pose.

" Arrête ... Laisse moi t'expliquer." Hors de moi, je le fixe, devenant rouge de colère. " Expliquer quoi Ji Hun !? Te fous pas de moi ! Je crois que c'est très clair ! " Je serre les dents, cherchant à m'enfuir mais celui ci me bloque le passage et objectivement parlant je ne fais pas le poids. Contre la porte, je suis pris au piège comme un vulgaire lièvre, à sa mercie. Lentement, les doigts de mon aîné soulèvent mon T-shirt, cherchant à me le retirer, je m'y oppose mais c'est peine perdu. De même pour mon pantalon que je sens me quitter. Contre sa force que voulez vous, je ne peux pas grand chose, il me manipule comme il veut.

" Pardonne moi Yuan "

Je ne peux pas craquer, pas aussi facilement, ça ne ferait que le conforter dans ses actes. Ces temps ci, les crises se répètent de plus en plus, elles ne l'atteignent plus, il s'en fiche, il recommence. Et face à ça, je ne peux rien faire, à part subir, si seulement il me laissait rompre au moins... Je frappe son torse, espérant le faire reculer un peu et plantant mon regard dans le sien, harassé, je lance

" Tu veux quoi ? " Je baisse les yeux, constatant ma presque nudité, mon jean trônant désormais à mes pieds. " Tu crois que j'ai envie de coucher avec toi là ?! " Je frappe son torse encore une fois. " J'en ai marre de te pardonner !"

J'ai l'air sérieux, je le suis en fait mais à chaque fois c'est la même chose, il finit pas reprendre le dessus.

Avec douceur, je défais sa ceinture, puis le bouton du jean. Ce dernier jauge désormais le sol. Yuan se débat pourtant, il ne semble pas vouloir céder à mes caprices. Il est réellement en colère, plus que d'habitude. Cette fille serait-elle la goutte qui aurait fait déborder le vase ? Il est fort probable vu l'état dans lequel il se trouve. Néanmoins, je suis tout autant déterminé que mon chinois d'amour. Je l'observe, à moitié nu, sous mes yeux. Désirable à souhait. J'encaisse sans un mot, sans mal ses accusations, sa colère. Au fil du temps, j'ai appris à gérer ce genre de situation. Mais le voir sur le nerfs, ainsi, ne me rend que peu fier de mon acte. Je culpabilise même. Je ne souhaite pas le chagriner, ni lui causer du soucis ou encore de l'inquiétude. Pourtant, quoi que je fasse, c'est peine perdu. Je cause sa perte.

Contre son gré, je continue dans ma lancée, je baisse l'unique morceau tissu qui le couvre encore et, ce dernier rejoint le reste des vêtements au sol. Une seconde fois, je le soulève contre mon torse nu, l'amène dans la cabine de douche. Je suis dos à la paroi, il est encore une fois à ma merci. Rapidement, mes doigts touchent aux robinets qui activent un jet d'eau tiède, tout juste assez pour être agréable. Oui, je suis encore tout vêtu. Ou du moins, à partir de la taille. Mais, je m'en moque éperdument. A mes yeux, il n'y a que lui qui compte sur le moment. Je caresse alors tendrement ses cheveux, son visage... Je ne le quitte pas des yeux, mon air sérieux, mon corps contre le sien ; une étreinte. Pour la première fois de la journée, mon visage se penche sur le sien pour capturer ses lèvres. L'eau coule désormais dans ma nuque, je l'enlace, d'une part avec force et de l'autre avec la tendresse d'un ours en peluche. Malgré toutes nos disputes, Yuan est mon bien le plus précieux. Un baiser délicat, nos prunelles s'accrochent. Avec passion, je reproduis mon geste, me faisant plus langoureux. Mes mains continuent d'effleurer sa peau douce et net. Mon pantalon est de plus en plus lourd, empli d'eau comme une éponge, il pèse sur mes jambes. Néanmoins, je ne suis pas encore décider à le retirer. Pour l'instant, mon attention est focalisée sur ses lèvres et la beauté de son visage.

- Je ne recommencerais plus ... Promis ...

Toujours la même rengaine. Je le sais. Mais à chaque nouvelle fois, moi-même j'y crois.

Il ne m'entend pas ou plutôt ne m'écoute pas. Ji Hun a toujours fait semblant de comprendre mes réactions, semblant de culpabiliser et de s'en vouloir mais, il n'en est rien. Oh bien sûr, il s'excuse mais il parle dans le vide, sans réfléchir à ce qu'il dit. C'est comme s'il avait une fonction automatique : répondre "Désolé je le ferais plus" à chaque fois que je suis en colère. C'est devenu mécanique chez lui, la preuve, il recommence inlassablement et moi en attendant ? Je souffre. Mais ce qui est le plus pénible dans ces situations, c'est de me voir, moi. Faible, face à lui mes convictions importent peu, je me cherche des excuses, je me dis que cette fois ce sera la dernière et le résultat est le même : je lui pardonne toujours et lui de son côté, recommence à me tromper. Un cercle vicieux auquel il faudra bien que j'y mette un terme un jour, car mon coeur finirait par ne plus le supporter.
Ce qui est affligeant dans tout ça, c'est que Ji Hun sait exactement quoi faire pour m'attendrir. La douche, c'est un moment que j'aime particulièrement partager avec lui. Non pas pour le côté sensuel, mais parce que ça nous rapproche. Se frotter le dos, faire tenir ses cheveux en l'air avec du shampoing, se faire des barbes en mousse. C'est idiot mais ce sont ces petits morceaux du quotidien qui me font l'aimer lui et pas un autre. Et il le sait, ce sale profiteur.
Lentement, mon dernier vêtement me quitte, je suis nu à présent et c'est sans grand mal qu'il me soulève et me met dans la cabine de douche. Les robinets s'ouvrent, l'eau coule, trop froide pour moi mais je ne bronche pas. Je fixe Ji Hun, droit dans les yeux et quand sa main vient me caresser, je sens peu à peu ma détermination s'envoler. Ses lèvres contre les miennes, une étreinte, un premier contact doux et un second un peu plus ferme, craquant complètement, je me serre contre lui, résigné.

" Comment oses tu m'embrasser avec ces lèvres ... ? "

Je suis calmé mais pas vraiment prêt à tourner la page, pour ça il va me falloir un peu plus de temps. Baissant la tête, je regarde son pantalon gorgé d'eau, j'entreprend alors de le défaire doucement, mes mains glissant sur ses hanches ensuite pour le lui enlever.

" Je suis fatigué de tout ça tu sais ... "

Les mots ne sont que du vent avec moi. Je m'en serre mal. Ou alors, ils sont simplement vide de sens. Pourtant, le voir dans cet état me brise le cœur. Il a l'air de souffrir et, j'en suis le premier, l'unique responsable. Mes doigts, tendres, tentent de calmer sa peine, mais la plaie semble bien plus profonde. Depuis trois ans, nous nous fréquentions ainsi. Je comprends sa colère et son exaspération. " Comment oses tu m'embrasser avec ces lèvres ... ? ", vrai. C'est irrespectueux, néanmoins, le contact des siennes n'ont pas d'égale. La chair ferme et douce n'est guère comparable à d'autres. Je les aime bien plus. Je ne pourrais m'en priver. Son ton se fait plus posé, mais pas moins triste. Un long frisson parcours mon échine lorsque je sens enfin un contact venant de sa part, sur mes hanches. Le pantalon tombe, claque sur le carrelage de la douche dans un bruit sourd. Je le sors immédiatement de la cabine, laissant le cadavre gorgé d'eau gisait sur le sol. Je m'en occuperais plus tard. Mon sous vêtement blanc laisse tout transparaitre, il n'a plus aucune utilité. Cependant, je ne trouve pas la force de le retirer lui non plus. " Je suis fatigué de tout ça tu sais ... "

- Je sais ... je rétorque quasi instantanément.

Je le regarde, caresse ses mèches de cheveux, dégageant son visage. Mes lèvres glissent délicatement dans son cou, l'embrasse, le couvre d'attention. Tout bas, je relève légèrement le visage, glisse à son oreille :

- Passons du temps ensemble... Laisse moi me faire pardonner. Yuan, j'ai envie de faire des efforts, je te le promet ...

J'éteins les robinets. Je maintiens sont minois entre mes doigts, le fixant afin de le convaincre. Je suis sincère, mes yeux ne démente pas mes paroles, au contraire. J'ai envie d'être en sa compagnie. D'être contre lui, comme à cet instant. D'embrasser encore sa mâchoire, comme maintenant. De tendre mes doigts sur son ventre ...

Il m'épuise tellement ... Un jour il réussira à me tuer, c'est certain. Faible, je m'appuie contre lui, toujours tête baissée, yeux clos, ne remarquant même pas son anatomie superbement moulée, je m'en fiche, j'ai pas la tête à ça. " Je sais ... " Comme toujours sa réponse est la même, il sait mais ne fait rien pour arranger la situation. Dans le fond, je pense qu'il a conscience que ses infidélités me font du mal et qu'il devrait arrêter, mais il ne peut pas s'en empêcher, il aime séduire. Pourquoi ? Je n'en sais rien, je crois qu'il n'y a pas vraiment de raison. Ses doigts caressent mon visage, mes cheveux et doucement il vient m'embrasser dans le cou, mon point faible. " Passons du temps ensemble ... " Il chuchote à mon oreille. " Laisse moi me faire pardonner. Yuan, j'ai envie de faire des efforts, je te le promets ..." Qu'il se taise, c'est encore plus douloureux de l'entendre me mentir, encore une fois. L'eau cesse de couler, j'ai froid, alors naturellement je me blottis contre lui. Nos regards se croisent, restent accrochés l'un à l'autre. Il a l'air si sérieux, si sincère ... Comme à chaque fois. Comment peut il mentir si impunément, en me regardant droit dans les yeux ?

" Tais toi s'il te plait "

Je me sens vide, je me laisse manipuler, me laisse embrasser, toucher. J'ai même plus la force de répliquer.

" Ji Hun ... " Je cherche à capter son regard. " J'aimerais bien que ... Les gens soient au courant, pour nous deux. J'aimerais que ... T'arrête de dire que tu es célibataire. Et que tu quittes le clan PlayboyZ, je comprends pas pourquoi tu y es, si c'est pas pour draguer. "

D'accord, j'en demande beaucoup, mais si il est vraiment prêt à faire des efforts, alors il doit être capable de faire ça, pour moi.

Faible. Nous le sommes tous les deux. Lui, dû à l'usure, à mes écarts conjugaux. Moi, par la faute d'un effort sportif trop poussé. Pourtant, même si l'épuisement vient m'accabler, je fais toujours part d'attention envers mon canard laqué. Il me demande de taire, mes paroles ne portent plus le réconfort dont il a besoin. Toujours le même scénario, qui se répète inlassablement. Néanmoins, je n'y change rien. Incapable. Le regard des autres sur moi, mon physique, je ressens l'irrépressible besoin de m'exposer. Flirter avec une jolie fille, sourire pour séduire. J'ai envie de lui dire que ce n'est que ma revanche contre ces gamins, qui autrefois, me persécuter sans scrupule. Mon passé de "gros", il l'ignore. Toutefois, je n'ai aucune envie de remuer toute cette histoire. Cette dernière est bien à sa place, correctement tassé dans un coin de ma tête. C'est pourquoi, je préfère me taire. Comme il le souhaite.

Je saisis la bouteille de shampooing, l'ouvre et en verse une noisette sur la tête de Yuan. Minutieusement, j'entame un massage de son cuir chevelu, lent. Je l'écoute attentivement. Mes yeux se baissent alors pour s'emmêler au sien, tandis que mes mains continuent leur activité. Sérieux, je lui répond d'un ton calme, prudent et apaisant :

- D'accord. Officialisons notre relation... Mais je ne quitterais pas les PlayboyZ mon ange ... Ils sont mes amis.

La mousse dégouline dans sa nuque, son cou. J'en rajoute un peu, je masse son torse, sa peau froide, soigneux, je m'active. Mais celui qui avait réellement besoin d'une douche, c'est moi. Je retire enfin mon dernier morceau de tissu. Mon corps tout entier s'appuie contre le sien, partageant le même savon. Une main enclenche le jet d'eau chaude. Je ne souhaite pas qu'il attrape froid en plus de ça. L'autre se faufile dans ses mèches de cheveux que je tire légèrement en arrière. L'eau coule directement sur ses cheveux. Son cou, à ma portée, semble délicieux. Dommage que le savon le recouvre et, m'empêche d'y goûter. Je relâche mon emprise. Fixant ses prunelles sombres, je fonds littéralement. Mes lèvres l'embrassent encore.

Nous sommes en pleine dispute et pourtant ses gestes sont doux, précautionneusement il me lave les cheveux, ils étaient propres mais je me garde bien de le lui dire appréciant trop ses massages pour y mettre un terme. Serré contre lui, j'entend sa réponse. Elle me satisfait à moitié, il n'est pas prêt à toutes les concessions mais il veut bien "officialiser" notre couple. A bien y réfléchir, j'ai dit ça dans le vent. Je ne tiens pas spécialement à ce que tout le monde sache que je suis gay.

" D'accord mais ... Tu sais, t'es pas obligé de dire que c'est avec moi ... Juste ... Arrêter de prôner ton célibat "

Je le regarde, ses doigts descendent sur mon corps, massant ma peau, faisant mousser le savon. De mon côté, je reste immobile, le fixant simplement, me laissant faire. J'aime qu'il prenne soin de moi comme il le fait en cet instant, au moins je suis sûr qu'il n'est pas en train de s'occuper de quelqu'un d'autre. L'eau coule de nouveau, beaucoup plus chaude, me réchauffant, je me sens mieux. Avec la même douceur, il rince mes cheveux, je pourrais croire qu'il surjoue si je ne le connaissais pas, mais Ji Hun est quelqu'un de très calme et attentionné quand il veut et ce n'est pas pour me déplaire, loin de là. Soudainement, sans que je m'y attende vraiment, ses lèvres viennent se plaquer sur les miennes et pour la première fois de la journée, je conssens à prendre part au baiser. Sans briser la tendresse ambiante, j'entoure délicatement son cou de mes deux bras, me redressant un peu pour être à sa hauteur, cherchant à me coller davantage à lui. Le baiser est d'une douceur extrême, nos lèvres s'entrouvrent pour laisser nos langues se rencontrer, je fonds, il a gagné.

" Ji Hun ... "

Je suis plutôt timide lorsqu'il est question de relations intimes et un simple baiser langoureux, n'a rien de banal à mes yeux.

Officialiser notre relation, je ne suis pas contre. Mais, il souhaite préserver son identité tout de même. C'est un peu incompréhensible. Néanmoins, je n'ai guère l'envie de m'attarder sur ce détails. Il risquerait d'amener à une seconde dispute et, j'en ai pas la force. Suite à ma deuxième tentative de baiser, Yuan relâche ses efforts de résistance. Ses lèvres mouvent doucement contre les miennes, le contact s'approfondit de lui-même. Mon nom murmuré entre deux mouvements, je frissonne. Une caresse tendre et délicate. Je le romps toutefois, me redresse, le fixe. A mon tour, je verse une petite quantité de shampoing sur mes cheveux, frotte, bien moins gracieux que lorsqu'il s'agissait de la tête de mon amant et ne le quitte pas des yeux. Le savon mousse, je glisse mes mains sur ma poitrine, mon ventre, me lavant soigneusement. Sans en faire un spectacle non plus, même si mon regard trahit une certaine envie. Envie que je réprimande au fond de moi. Une fois ma toilette fini sous son petit regard innocent, je tend le bras, me rapprochant inévitablement de lui et, laisse couler l'eau chaude sur ma tête. Un gémissement s'évade de ma bouche, la température est un peu trop élevée. Nous restons ainsi, l'un face à l'autre, se fixant dans le blanc des yeux. J'ai envie de parler. Cependant, j'ai peur de dire une chose qui n'aille pas. Alors, le silence règne en tant que maître.

Nous sortons de la cabine, moi le premier. Rapidement, je me sèche afin de m'attarder plus amplement sur mon chinois. D'un mouvement gracieux, je me retourne, mes cheveux empiète sur mon champ de vision et, ça me fait sourire. Je l'enroule dans une grande serviette, l'essuie.

- Un rouleau de printemps, un !

Les blagues de ce genre me font rire et je suis bien le seul. Je vois dans son regard qu'il me trouve idiot, mais il en a l'habitude. Je le porte alors précieusement contre moi, le conduit dans sa chambre où je l'allonge délicatement. Les serviettes quittent nos corps, la couette se rabat sur nos deux têtes, un nouveau baiser noue lie.